Après une période très « rock » marquée par le succès de son Loup de Wall Street et sa série Vinyl, le maître Martin Scorsese revient à un cinéma plus auteuriste et personnel, en mettant en boite un projet dont il rêvait depuis trente ans : l'adaptation d'un roman de Shūsaku Endō, narrant les persécutions religieuses subies par un missionnaire jésuite, envoyé au Japon pour y retrouver son mentor disparu. Dans la lignée de Kundun et La Dernière tentation du Christ, le cinéaste questionne sa foi et, malheureusement, baratine assez lourdement pendant près de trois heures.
Date de sortie : 8 février 2017
Réalisation : Martin Scorsese
Genre : Drame, historique
Nationalité : Américain, mexicain, taïwanais
XVIIème siècle, deux prêtres jésuites se rendent au Japon pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Au terme d’un dangereux voyage, ils découvrent un pays où le christianisme est décrété illégal et ses fidèles persécutés. Ils devront mener dans la clandestinité cette quête périlleuse qui confrontera leur foi aux pires épreuves.
Oui, priez pour moi, car j'ai péché. J'ai conscience que Scorsese est un grand. Je sais qu'il a réalisé Taxi Driver, Raging Bull ou encore Les Affranchis, j'ai même été très indulgent avec ses derniers longs-métrages, notamment envers le sous-estimé Hugo Cabret... Cependant, malgré tous mes efforts pour en tirer quelque chose de cinématographiquement intéressant, difficile de ne pas succomber à l'ennui que provoque Silence, cette fresque ultra austère, principalement constituée d'une seule scène déclinée à l'infini : dans un Japon bouddhiste où le catholicisme est interdit, un inquisiteur force un groupe de chrétiens clandestins à renier leur religion, sans quoi ils seront mis à mort ou subiront diverses souffrances. Parmi eux, Andrew Garfield et Adam Driver, endossant deux prêtres portugais (mais, cela va de soi, anglophones) refusant coûte que coûte d'abjurer, quitte à ce que d'autres soient massacrés.
Une dramaturgie assez mince pour un spectacle de plus en plus pénible : entre les interminables discutions théologiques, les métaphores balourdes, les conversations avec Dieu ou encore les apparitions ridicules de Jésus, Marty semble s'égarer dans un prêchi-prêcha proche du fanatisme. Un fanatisme qui laisse d'autant plus perplexe, puisque les catholiques ont eux aussi été des bourreaux et qu'aucune référence n'est faite à l'inquisition. En découle alors un schéma hyper manichéen et caricatural, avec d'un côté, les blancs dévoués (mi-américains, mi-portugais), puis de l'autre, le peuple japonnais : représenté, au pire, comme des tortionnaires sadiques et, au mieux, comme des chrétiens aussi apeurés qu’hébétés (on ne reviendra pas sur le traitement presque comic relief de certains personnages secondaires...).
La résolution de l'intrigue est quant à elle extrêmement décevante. Lorsqu'on découvre, au bout d'un peu plus de deux heures de projection, ce pourquoi on a tant souffert, on réalise à quel point la durée invraisemblable du film est peu justifiée.
Enfin, pour terminer sur l'esthétique globale du long-métrage, il faut admettre que Scorsese marque quelques points. La direction artistique est minutieuse, les cadres sont relativement bien composés et la photographie, toute en brumes et en lumières naturelles, fascine. Toutefois, la mise en scène semble déployer tous les efforts possibles et imaginables pour endormir le spectateur, via d’incessants champs-contrechamps en plans moyens (entre les mains d'un Terrence Malick, le projet aurait été autrement plus ambitieux en termes de réalisation). Même les scènes de martyres, dont on espérait qu'elles seraient remuantes, laissent indifférent. Tout comme le dernier plan du film qui, à défaut d'être inutilement tape-à-l’œil, a au moins le mérite de mettre fin au calvaire.
Une dramaturgie assez mince pour un spectacle de plus en plus pénible : entre les interminables discutions théologiques, les métaphores balourdes, les conversations avec Dieu ou encore les apparitions ridicules de Jésus, Marty semble s'égarer dans un prêchi-prêcha proche du fanatisme. Un fanatisme qui laisse d'autant plus perplexe, puisque les catholiques ont eux aussi été des bourreaux et qu'aucune référence n'est faite à l'inquisition. En découle alors un schéma hyper manichéen et caricatural, avec d'un côté, les blancs dévoués (mi-américains, mi-portugais), puis de l'autre, le peuple japonnais : représenté, au pire, comme des tortionnaires sadiques et, au mieux, comme des chrétiens aussi apeurés qu’hébétés (on ne reviendra pas sur le traitement presque comic relief de certains personnages secondaires...).
Liam Neeson |
Enfin, pour terminer sur l'esthétique globale du long-métrage, il faut admettre que Scorsese marque quelques points. La direction artistique est minutieuse, les cadres sont relativement bien composés et la photographie, toute en brumes et en lumières naturelles, fascine. Toutefois, la mise en scène semble déployer tous les efforts possibles et imaginables pour endormir le spectateur, via d’incessants champs-contrechamps en plans moyens (entre les mains d'un Terrence Malick, le projet aurait été autrement plus ambitieux en termes de réalisation). Même les scènes de martyres, dont on espérait qu'elles seraient remuantes, laissent indifférent. Tout comme le dernier plan du film qui, à défaut d'être inutilement tape-à-l’œil, a au moins le mérite de mettre fin au calvaire.
Note: ★★★★★
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